Excluante, l’école belge ? Les études internationales le montrent, comme les témoignages recueillis par Médor dans le cadre de son enquête sur les inégalités scolaires. Et pourtant, à travers la Fédération Wallonie-Bruxelles, des équipes pédagogiques se retroussent les manches pour créer une école ouverte à tous. Elles s’inscrivent dans un large courant international d’inclusion scolaire.
Enfant, Dominique Paquot ne s’imaginait pas devenir enseignant – et directeur d’école encore moins. Depuis une petite dizaine d’années, pourtant, il préside à la scolarité des quelque 600 élèves de l’école primaire Singelijn, à Woluwe-Saint-Lambert, où des enfants malentendants, autistes, « dys » (dyslexiques, dyscalculiques, etc) ou trisomiques se mêlent sans difficulté apparente à ceux que l’on dit “normaux”.
« Je suis moi-même un grand multi-dys. On ne m’a jamais prédit que je serais directeur. » Le souvenir douloureux d’un parcours scolaire au cours duquel on ne l’a pas suffisamment encouragé guide aujourd’hui sa pratique de directeur. « On stigmatise, on met les enfants dans des boîtes beaucoup trop vite. Ce n’est pas parce qu’on fait des fautes d’orthographe qu’on ne peut pas grandir. »
L’École Singelijn est adossée depuis toujours à une école spécialisée pour malentendants (dites « type 7 »). Quand Dominique Paquot en reprend la direction en 2010, il trouve une équipe pédagogique résolue à s’engager dans une voie inclusive plus forte. « On a ouvert à tous les types » de handicaps, en réservant à ces enfants environ 10 % des places.
Cette décision, assez inédite en Région Bruxelloise, a nécessité de modifier fondamentalement l’approche pédagogique. Les certifications – en dehors du CEB – ont été abandonnées, et les enseignements « cherchent les compétences plutôt que les déficits ». En se « centrant sur les besoins de l’enfant », l’École Singelijn veut éviter que les différences de rythmes d’apprentissages ne se soldent par des sentiments de rejet ou d’échec.
Dernière modification le 26 décembre 2023 à 11:52.