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Chers Parents,

 

Je reviens vers vous concernant le financement de ce fabuleux projet qu’est la construction

du nouveau bâtiment que nous souhaitons inaugurer à la rentrée des classes de septembre 2018.

 

Pour rappel, notre projet consiste en la démolition de l’actuel antique gymnase et la reconstruction

d’un édifice composé

d’une nouvelle cuisine et réfectoire

d’une nouvelle salle de gymnastique

de 4 locaux destinés aux ateliers et aux leçons en demi-groupes

Ceci nous permettra de regrouper toutes les classes de maternelle au rez-de-chaussée du bâtiment principal actuel.

 

Le coût de ces travaux a été estimé à un montant se situant entre 1,5 et 1,8 million d’euros

et ne sont malheureusement pas pris en charge par le Fédération Wallonie-Bruxelles.

Nous avons besoin de votre soutien afin d’avoir à nous engager pour un financement le moins élevé possible

 

Suite à l’appel à dons lancé en décembre 2016, nous avons récolté 5843,35€ !

Ne nous arrêtons donc pas en si bon chemin !

 

Nous nous permettons donc de relancer l’appel à Dons en vous proposant d’apporter votre contribution que vous pouvez verser sur le compte ouvert à cet effet n° BE18 7512 0699 0865 au nom de Comité Scolaire Singelijn avec comme communication

« Nouvelle construction + le nom de famille du ou des enfants fréquentant l’école »

 

Tous les apports, quels qu’en soient les montants, sont les bienvenus afin de nous permettre de lancer cet ambitieux et indispensable programme (honoraires d’architecte, frais d’introduction du dossier…).

 

Un chaleureux merci à tous pour votre soutien et bien cordialement,

 

Dominique Paquot

Directeur

Chers Parents,

 

En juin dernier, avec l’appui de l’Association des parents, je me suis adressé à vous afin de vous exposer les futurs projets de l’école.

En effet, face au nombre croissant de demandes d’inscription et afin de rendre plus concrète encore notre pédagogie, nous manquons cruellement de locaux, principalement pour l’organisation des ateliers et des leçons en demi-groupes que nous estimons indispensables et tellement bénéfiques pour nos élèves.

Nous sommes heureux de vous annoncer que nous avons signé une charte de collaboration avec la Fédération Wallonie-Bruxelles. Celle-ci s’engage à nous aider tout au long de ce processus, à la fois pour la sélection d’un bureau d’architecture et pour tout conseil et soutien pendant la demande du permis et du chantier.

Pour rappel, vu qu’il en a grandement besoin, notre projet prévoit la démolition et la reconstruction de l’actuel gymnase.

Le rez-de-chaussée abritera la cuisine et la cantine, le niveau intermédiaire la salle de gymnastique et le niveau supérieur se composera de quatre locaux destinés aux ateliers et aux leçons en demi-groupes.

Nous pourrons alors regrouper toutes les classes de maternelle au rez-de-chaussée du bâtiment principal actuel.

Le coût de ces travaux a été estimé à un montant se situant entre 1,5 et 1,8 million d’euros qui ne sont malheureusement pas pris en charge par le Fédération Wallonie-Bruxelles.

Parmi les solutions de financement, nous avons lancé une enquête auprès de vous en septembre dernier afin d’avoir votre avis sur la façon dont vous envisageriez de soutenir ce projet via un don ou un prêt.

Nous sommes très heureux d’avoir constaté que de très nombreux parents ont pris part à ce sondage et se sont montrés intéressés par ce projet en nous proposant des dons variant de 20 à 5.000 €. Nous les en remercions très vivement.

D’autres parents se sont gentiment proposés pour nous prêter une somme selon certaines modalités. Dès que le projet sera sur rails, nous reviendrons vers eux.

Sachez que toute contribution, quel qu’en soit le montant, est la bienvenue afin de nous permettre de lancer cet ambitieux programme (honoraires d’architecte, frais d’introduction du dossier..).

Dès ce jour, nous ouvrons le compte BE18 7512 0699 0865 au nom de Comité Scolaire Singelijn sur lequel vous pouvez verser votre don avec la communication « Nouvelle construction + le nom de famille du ou des enfants fréquentant l’école ».

Je voudrais également vous remercier pour les commentaires importants et intéressants que vous nous avez communiqués à l’occasion de ce sondage.

Notre souhait est de pouvoir inaugurer le nouveau bâtiment à la rentrée des classes de septembre 2018.

Un chaleureux merci à tous pour votre soutien et bien cordialement,

Dominique Paquot

Directeur.

 

Très populaire outre-Rhin, ce philosophe allemand démontre l’archaïsme du système scolaire occidental…

Sa célébrité n’a pas encore vraiment atteint la France mais, en Allemagne, depuis sept ans, c’est un phénomène. Comment expliquer le succès de Richard David Precht, dont certains ouvrages se sont vendus à plus d’un million d’exemplaires ? L’intéressé pense tenir la clé : “Je joue dans mon pays un rôle qui n’était jusqu’ici occupé par personne : celui du philosophe public, qui parle à la télé. De notre côté du Rhin, nous n’avons pas la culture des philosophes comme Sartre, Camus, Derrida, Deleuze ou Foucault (aujourd’hui Comte-Sponville, Onfray, Ferry, Enthoven et, bien avant eux, Voltaire, Rousseau, Diderot) qui interviennent dans la vie publique et que personne ne s’étonne de voir s’exprimer sur tout, de la politique à l’amour. Outre-Rhin, même Habermas ou Adorno, les plus fameux contestataires des années 1960-70, demeuraient à l’intérieur du cadre académique et n’auraient jamais fréquenté un talk-show télévisé.”
Precht, lui, a été lancé par son passage dans l’émission d’Elke Heidenreich, la Bernard Pivot allemande, pour son best-seller au titre surréaliste,“Qui suis-je et, si je suis, combien ?”. Une quête kantienne rédigée comme un thriller, dans un langage souvent drôle (qui contraste avec l’air hypersérieux que son auteur affiche généralement) et mélangeant le doute cartésien et “Star Trek”, l’enthousiasme nietzschéen et le triomphe des Rolling Stones, la caverne de Platon et la cyberréalité… Bref, un raconteur d’histoires provocateur, qui aime replacer les grands auteurs philosophiques et leurs lecteurs dans leurs contextes de vie respectifs.
L’homme est par ailleurs un passionné de sciences, notamment de neurologie. Une passion qui, curieusement, l’amène aujourd’hui à focaliser son attention sur l’école et la pédagogie. Et à proposer une véritable utopie éducative pour le XXIe siècle. C’est surtout pour cette raison que nous désirions le rencontrer.

A vous lire, vous auriez pu aussi bien devenir scientifique que philosophe. Le cerveau, l’embryon, l’évolution : les sciences naturelles vous passionnent…

 

Oui, depuis l’enfance ! Paradoxalement, je les aimais tant que je n’ai jamais voulu les mêler à la chose scolaire. Je ne les ai pas étudiées à l’université, par peur d’être déçu par le commentaire desséchant qu’on m’en ferait. J’ai donc étudié la philosophie, tout en me tenant informé par moi-même des avancées des sciences du vivant. Si nous nous trouvions devant un aquarium tropical, je pourrais vous en décrire tous les habitants, leur physiologie, leurs mœurs. Je passe des heures avec des biologistes ou des éthologues qui sont souvent surpris de tomber sur un philosophe si épris de leurs travaux.

Votre dernier livre, « Anna, l’école et le bon Dieu » (pas encore traduit en français), utilise les récentes découvertes sur le cerveau pour s’attaquer férocement au système scolaire occidental dont vous dites qu’il « trahit nos enfants »…

 

Absolument. Pourquoi diable l’école resterait-elle obstinément étanche à toutes les découvertes des neurocognitivistes, des psychologues du développement, des évolutionnistes, des linguistes, des anthropologues ? Le monde des grandes entreprises est souvent plus éclairé que nos écoles qui continuent à fonctionner, au fond, sur le modèle de la société industrielle, vieux de plus d’un siècle.
Cet archaïsme est conforté par la majorité des parents qui rêvent que leurs enfants soient coachés vers une spécialité pointue, rare et rémunératrice. Comme si le monde n’avait pas changé ! Comme si, au fond, il fallait toujours s’adapter au système pyramidal tayloriste qui fabrique des chefs impeccables au sommet et de bons chevaux de trait à la base, alors qu’il s’agit désormais d’inviter tous les enfants à devenir des « créateurs de projets de vie » imaginatifs et autonomes, conviviaux et polyvalents.

Pourquoi dites-vous qu’il faut, non pas réformer, mais révolutionner l’école ?

 

Pour au moins deux raisons. Primo, parce que 70  % des métiers qu’exerceront les enfants qui entrent aujourd’hui à l’école n’existent pas encore – d’où la nécessité d’une éducation très différente, beaucoup plus ouverte à l’imagination et à l’intelligence relationnelle, conduisant à épanouir une curiosité polyvalente plutôt qu’une spécialisation de type industriel. Secundo, parce que l’école a perdu son monopole. Jadis, c’était l’endroit où l’enfant apprenait à connaître le monde. Aujourd’hui, nourri d’informations par mille autres biais, le digital native ne voit plus du tout l’intérêt d’aller s’enfermer dans ce lieu si peu excitant, qui ne suscite en lui qu’un mortel ennui.

Vous insistez beaucoup sur l’ennui des élèves d’aujourd’hui…

 

C’est une aberration. L’enfant est naturellement d’une curiosité inouïe. La structuration de ses réseaux neuronaux fait de lui un « athlète synaptique », comparé à l’adulte. Son enthousiasme pour la nouveauté est considérable et ses capacités d’apprentissage impressionnantes. Or, que lui proposons-nous pour épanouir cette potentialité formidable ? De se forcer à s’intéresser à des matières éloignées de sa vie, qui le motivent de moins en moins et qu’il voit infiniment mieux traitées ailleurs. A partir de 12 ans, cela devient dramatique. La transmission est censée se dérouler lors de séances appelées « cours » qui durent un peu moins d’une heure (durée décidée par les moines du Moyen Age) et auxquelles il doit assister sans bouger. Double absurdité : on sait aujourd’hui que la capacité d’attention d’un enfant (et de beaucoup d’adultes) chute au bout de 20 à 30 minutes ; d’autre part, l’immobilité physique du jeune humain est nocive à son fonctionnement cortical si elle dépasse un quart d’heure. Bouger est pour lui vital, la ­psycho-neuro-immuno-endocrinologie l’explique bien.

Les Français citent pourtant volontiers l’école allemande, supposée très ouverte aux activités physiques quotidiennes…

 

Je suis marié avec une francophone, une Luxembourgeoise déjà mère de trois enfants que j’ai vus grandir dans le système français. Il est clair que c’est le pire de tous, le plus archaïque parce que le plus « mental ». Mais le système allemand ne vaut guère mieux – surtout comparé à celui des Scandinaves, beaucoup plus ouvert sur le ressenti, l’émotionnel, le relationnel. Les enfants allemands s’ennuient autant que les français à l’école. C’est subjectivement un crime et objectivement un gaspillage que nous n’allons plus pouvoir nous permettre longtemps.

Pourquoi ?

Les générations à venir vont devoir relever des défis que seule une éducation entièrement repensée leur permettra de relever. Comme le disait déjà le pédagogue visionnaire Wilhelm von Humboldt, fondateur de l’Université de Berlin il y a deux siècles : « Il s’agit surtout d’apprendre à apprendre. » De toute façon, les technologies de l’information vont tout révolutionner. Prenez les nouvelles « lunettes Google » qui permettent de se brancher sur le Web tout en faisant autre chose. Une fois miniaturisées et rendues quasi invisibles, ce qui sera bientôt le cas, elles métamorphoseront les examens. Il sera impossible d’empêcher un élève de tricher. Le mot « triche » n’aura d’ailleurs plus de sens. Ni celui d’« examen ». Examens et notes participent de ce que les psychopédagogues de Stanford – Mark Lepper, David Greene et Richard Nisbett – appellent l’« effet corrupteur de la récompense ». Les recherches montrent que le fait d’étudier pour obtenir de bonnes notes et un diplôme, plutôt que par véritable intérêt pour la matière, engendre à long terme des individus à motivation plus fragile. Or, la motivation devient essentielle.
L’autre maître mot est la relation. Ayant accès à la connaissance universelle où qu’ils se trouvent, élèves et étudiants devront développer des qualités relationnelles : savoir naviguer dans la jungle du savoir, se relier à d’autres, monter une équipe, faire preuve de convivialité et de tempérance émotionnelle. Des qualités auxquelles ni l’école française, ni l’école allemande ne les préparent actuellement – alors que l’« intelligence connectée » se développe ailleurs, notamment grâce aux jeux vidéo auxquels des millions de jeunes s’adonnent avec frénésie, sans aucun cadre.

D’après vous, l’avenir se joue-t-il du côté des Moocs et de l’e-learning ?

 

J’ai bien observé ces réseaux, en particulier la Khan Academy qui a mis en ligne des milliers de cours fort intéressants. C’est surtout excellent pour des matières comme les maths ou la physique. Moins pour l’histoire, la littérature ou la philosophie qui exigent un débat interactif. Mais le gros défaut des Moocs est que, contrairement à ce que s’imaginent certains, ils sont moins démocratiques que l’école.

A quoi ressemblera l’école de demain ?

 

Sans motivation, rien n’est possible. Schopenhauer disait : « Vous pouvez faire tout ce que vous voulez, mais vous ne pouvez pas décider de désirer. » Les élèves d’aujourd’hui n’ont plus de désir. L’école de l’avenir doit avant tout rallumer leur adhésion, et même leur enthousiasme. Rappelons que ce fut le cas jadis – ça l’est encore dans les pays très pauvres où l’école est la seule chance de s’en sortir… et aussi chez nos propres enfants, à la maternelle et à la rigueur à l’école primaire. Mais la motivation chute ensuite dramatiquement. En quelques clics d’ordinateur, un ado reçoit plus d’infos que nos ancêtres pendant toute une vie ! L’école lui semble frustrante et inutile. Que faire ?
Explorant systématiquement toutes les recherches en pédagogie dans le monde, j’ai abouti au système suivant…
D’abord, quelques rares matières fondamentales, peut-être les maths et les langues, pourraient continuer à faire l’objet d’un enseignement classique, mais pris au sein d’un système de « contrats » individuels : dans ces matières, l’élève s’engagerait devant l’école à atteindre un certain niveau à certaines étapes de son parcours sur plusieurs années, libre à lui de le faire au rythme qui lui convient, en accord avec ses accompagnateurs. Vouloir faire avancer tout le monde à la même vitesse est considéré par la plupart des pédagogues comme l’un des gros défauts du système actuel : les enfants plus rapides se trouvent freinés par les plus lents qui, eux, sont humiliés et dégoûtés.
L’essentiel de l’éducation s’organiserait autour de « projets » conçus sur plusieurs mois, voire plusieurs années, regroupant les enfants par goûts, affinités, centres d’intérêt. De petits groupes d’une quinzaine d’élèves s’organiseraient autour de thèmes qui les passionnent. Comme les classes du fameux collège d’Harry Potter !

On pense aux visions de Montessori, Steiner, Freinet…

De nombreuses pédagogies conver­gent dans ce sens. Elles supposent toutes des enseignants d’un nouveau genre, davantage pédagogues que spécialistes d’une matière. Car une autre caractéristique de cette révolution serait que les professeurs suivraient leurs élèves pendant plusieurs années. Au lieu de se retrouver toutes les heures face à un enseignant différent qui n’a souvent pas le temps de les connaître, les enfants seraient accompagnés de près par des maîtres s’intéressant à leur parcours personnel à long terme.
L’école doit redevenir un lieu de bon temps, qui stimule l’esprit créatif et le bonheur d’exister.
Source : www.cles.com

Dans beaucoup de familles, la scolarité et ses à-côtés sont régulièrement sources de stress. Tant pour les enfants que pour les parents, prompts à leur communiquer une part de leurs angoisses vis-à-vis de l’avenir, assombri, il est vrai, par des difficultés d’insertion professionnelle largement répandues.

Enfants et parents à l’école du stress

Comment dépasser ce stress, comment aider son enfant à faire face lorsque la pression scolaire va crescendo, comment l’aider à mieux se connaître et à s’organiser pour aborder ses devoirs avec sérénité, comment l’accompagner quand il s’agit de choisir ses études ? Patrice Huerre, pédopsychiatre, auteur de nombreux livres*, nous aide à relever ces multiples défis, qui évoluent au fil de l’enfance et de l’adolescence.

EN MATERNELLE

Quand la question du stress commence-t-elle à se poser ? Dès le premier jour de classe ?
Patrice Huerre :
« Le stress, en tout cas le stress parental, s’installe souvent avant même l’entrée en maternelle. Dès 1 an, 2 ans, certains parents voudraient que leur enfant soit ‘performant’, qu’il apprenne vite les couleurs, les formes. De la sorte, ils exercent une pression, même si celle-ci procède d’une bonne intention. Et l’école maternelle en rajoute, si j’ose dire, une petite couche. Ne serait-ce qu’en refusant la plupart du temps les enfants qui ne sont pas encore propres. Or, ne pas l’être quand on a 2 ans et demi ou 3 ans n’a en soi rien d’anormal ni d’inquiétant. Ces petits soucis se règlent souvent en douceur, en l’espace de quelques semaines. »

Le stress peut-il s’avérer le résultat d’une forme d’angoisse de séparation ?
Patrice Huerre :
« Il peut arriver que l’enfant ou les parents ne soient pas prêts. Mais c’est loin d’être le cas le plus fréquent. Tout simplement parce qu’en amont de la maternelle, beaucoup confient leur enfant à des nounous ou à des structures collectives ou bien ils l’envoient séjourner de temps à autre chez leurs propres parents ou chez des proches. Si, malgré tout, subsiste une part d’angoisse de séparation, elle aurait pu se manifester plus tôt, avoir un autre déclencheur. Autrement dit, ce stress-là, qu’il faut évidemment surmonter, n’est pas lié intrinsèquement à l’école. »

Quelle est la source majeure de tension en maternelle ?
Patrice Huerre :
« Le stress provient le plus souvent de l’écart entre ce que les enfants et leurs parents sont prêts à vivre et ce qu’offre l’école maternelle. Il existe en l’occurrence trois situations : dans la première, les familles sont en phase avec les attentes scolaires et cela facilite grandement les choses ; dans la deuxième, les parents en demandent toujours plus aux enseignants ; dans la troisième, à l’inverse, ils estiment que l’école formule trop d’exigences à l’égard de leur enfant. Et ce stress des parents, bien entendu, se répercute sur la façon dont les petits entrent dans la scolarité. Celle-ci – cela reste vrai plus tard – dépend largement de la qualité du dialogue que la famille entretient, ou non, avec les professeurs. »

L’école fait-elle assez de place au jeu ?
Patrice Huerre :
« Non, la maternelle n’accorde souvent pas assez d’importance au jeu, qui doit pourtant être considéré comme une activité très sérieuse permettant d’apprendre de manière efficace. J’ai en mémoire les propos de parents, qui s’étaient entendu dire par l’enseignante, à propos de leur fille de 4 ans : ‘Elle ne pense qu’à jouer !’. Comme si cela était anormal… Une part du stress que peuvent éprouver les enfants repose ainsi sur les exigences strictement ‘scolaires’ d’une maternelle qui très vite, trop vite, adopte des méthodes conçues pour des enfants du primaire. Ce qui nourrit souvent un malentendu entre parents et professeurs. Ce qui contribue par ailleurs au succès d’établissements de type Montessori. »

En maternelle, les enfants ne sont-ils pas trop jeunes parfois pour se soumettre au rythme et aux exigences de la vie de groupe ?
Patrice Huerre :
« L’un des objectifs majeurs de la maternelle est de parvenir à socialiser les enfants, de leur apprendre à vivre en groupe. Si certains ont du mal à respecter les consignes et adoptent un comportement qui n’est pas acceptable à l’école, c’est souvent que les parents, à la maison, n’ont pas adopté la bonne attitude. Veiller à ce qu’il prenne soin de ses affaires, respecte le temps du repas, s’arrête quand on lui dit ‘stop’ aide ensuite l’enfant à accepter les contraintes et une certaine forme de stress inhérents à la vie en collectivité. »

EN PRIMAIRE

Quelles sont les sources de stress les plus fréquentes chez les « moyens » de primaire ?
Patrice Huerre :
« Le stress, à cet âge, comme à d’autres, procède surtout de la pression scolaire. Ce qui est jugé, c’est exclusivement le résultat. On ne se penche pas, ou presque pas, sur ce qui nous a permis d’y parvenir, sur ce qui aurait pu nous permettre d’atteindre l’objectif. L’élève est destinataire d’appréciations qui sont le plus souvent négatives. Il peut alors avoir le sentiment d’être nié dans ce qu’il est. Surtout si les parents abondent dans le sens de l’enseignant. Parfois décrié, le système de notation n’est en réalité que la part tangible de ce système de pensée. Alors que l’on parle de plus en plus d’intelligences multiples, l’école a tendance à ne retenir qu’un type d’intelligence. Ou plutôt une seule façon d’être élève. »

Comment éviter de transmettre à l’enfant nos mauvais souvenirs de scolarité, nos appréhensions ?
Patrice Huerre :
« Il faut reconnaître que l’on a soi-même été en difficulté à l’école. Trop de parents se montrent amnésiques en exigeant de leurs enfants des choses qui, jadis, les faisaient souffrir. Il faut parfois accepter de s’en remettre aux professeurs pour certains aspects purement scolaires, tout en continuant à entretenir le dialogue avec l’équipe pédagogique. Ce qui ne nous empêche pas d’utiliser les situations du quotidien pour transmettre des compétences ou des notions essentielles : faire lire à son enfant des panneaux ou des inscriptions quand on est dans la rue ou dans le bus, l’inciter à compter quand on fait des courses, l’aider à comprendre les fractions en coupant les parts d’une tarte… Cela permet aussi de donner du sens à ce que l’enfant apprend à l’école. »

On entend de plus en plus parler du « burn-out des enfants »**. Peut-on véritablement parler d’un tel épuisement ?
Patrice Huerre :
« Le terme me paraît parfaitement excessif. Gardons-nous de calquer sur les enfants des concepts qui s’appliquent à nos vies d’adultes. Ce qui est sûr, c’est que parallèlement aux exigences de l’école, ou pour y répondre, tout un marché périscolaire s’est développé et promet, moyennant finances, monts et merveilles aux parents d’élèves, dès le primaire. L’essentiel, dans cette période où l’enfant, en général, travaille de lui-même pour faire plaisir aux adultes, parents et enseignants, est de ne pas lui en demander toujours plus, de lui permettre de ne pas courir d’une activité à l’autre, de lui proposer aussi du temps vraiment libre. »

CHEZ LES ADOS

L’entrée en secondaire, avec la découverte d’un nouvel environnement et la multiplication du nombre des enseignants, représente-t-elle une phase critique ?
Patrice Huerre :
« Oui, certains enfants apparaissent stressés par l’entrée en secondaire. Il est vrai que la nouveauté peut être déstabilisante, même s’il ne faut pas en exagérer les enjeux. L’un des défis consiste à gagner en autonomie, à savoir s’organiser, à anticiper. Ce qui veut dire que le rôle des parents, lui aussi, évolue : il ne s’agit plus, ou plus seulement, de jouer les répétiteurs. Il faut avant tout tenter d’apporter une aide sur le plan de la méthodologie et de la planification, bref donner à son enfant des clés pour qu’il parvienne, progressivement, à se débrouiller seul. Il est frappant que l’on puisse, souvent, traverser toute sa scolarité sans que l’on nous invite à nous interroger sur la façon d’apprendre qui nous correspond le mieux. À quel moment est-on le plus productif ? Combien de temps d’affilée peut-on travailler de manière efficace, en restant concentré ? De combien d’heures de sommeil a-t-on besoin ? »

Face à la pression scolaire, parfois forte, il arrive qu’à certains moments, le stress se double d’un découragement. Comment remobiliser son enfant ?
Patrice Huerre :
« Tant qu’il est en primaire, l’enfant, on l’a dit, travaille avant tout pour faire plaisir à l’enseignant et pour rapporter de bonnes notes à la maison. C’est très bien ainsi. Une fois en secondaire, en revanche, il y a forcément, tôt ou tard, un moment de remise en question : l’enfant prend ses distances par rapport à tout ce qui compte pour les adultes. En tant que parents, il faut alors tenir bon, maintenir un certain nombre d’exigences mais sans tout faire reposer sur la scolarité : il faut que l’enfant continue à prendre appui sur son réseau amical, sur ses activités extrascolaires. Il faut se garder de lui dire : ‘Si tu ne ramènes pas de bonnes notes, je t’interdis de voir tes copains et tu arrêtes le foot’. Préserver un équilibre entre l’école et le reste est d’autant plus essentiel que le secondaire est une période au cours de laquelle interviennent, d’abord chez les filles puis chez les garçons, les grands bouleversements du corps. Ces changements se traduisent par une hypersensibilité et un besoin de se rassurer constamment, en cherchant l’approbation et les encouragements de leurs pairs, comme on le voit notamment sur les réseaux sociaux. »

Accepte-t-on mieux la pression scolaire si l’on nous a transmis le goût de l’effort ?
Patrice Huerre :
« Plus que d’un goût de l’effort, l’investissement serein dans la scolarité dépend du plaisir que l’on trouve à apprendre. On travaille d’autant plus volontiers que l’on aborde chaque nouvelle notion, chaque nouvelle connaissance comme un défi, comme une énigme, comme une nouvelle aventure. Et cette attitude-là se cultive très tôt, en développant chez l’enfant – cela peut paraître à certains paradoxal – des capacités de jeu. Ceci étant, beaucoup d’élèves réussissent aussi sans déployer de telles capacités, avec une approche très ‘scolaire’. »

CHEZ LES + DE 16 ANS

Plus on avance dans l’âge, plus on a le sentiment de devoir préciser ses projets d’études, envisager un avenir professionnel, le tout sur fond de chômage… De quoi nourrir des inquiétudes tenaces ?
Patrice Huerre :
« Les jeunes font effectivement face à des injonctions de la société, qui leur demande constamment ce qu’ils veulent ‘faire plus tard’. Des injonctions exagérées : le temps est révolu où le diplôme conduisait en droite ligne à un seul métier, que l’on allait exercer toute sa carrière. De même, la pression des examens peut s’avérer forte. Mais on se focalise sans doute trop sur le résultat final, et pas assez sur les méthodes ni le rythme de travail adéquats à mettre en œuvre pour parvenir à cet objectif. Un apprentissage pourtant essentiel pour le reste la vie, y compris professionnelle. »

Le monde du travail, précisément, est souvent très concurrentiel, sur fond de fort chômage. Difficile dans pareil contexte de minimiser l’importance du diplôme…
Patrice Huerre :
« Bien sûr, il est important d’obtenir un diplôme. Mais la vie ne s’arrête pas là. Ce qui compte tout autant, une fois entré dans la vie professionnelle, ce sont les qualités humaines d’ouverture, de curiosité, les capacités que l’on possède à s’adapter et à trouver aussi du plaisir dans la nouveauté, l’étrangeté. Ce qui rejoint, là encore, les capacités de jeu cultivées dès l’enfance. Pour le reste, si l’on veut aider un jeune à choisir sa voie, il faut lui proposer de rencontrer, dans le cercle familial, amical et au-delà, des adultes qui exercent des professions variées et qui surtout se sentent épanouis dans leur métier. »

L’angoisse de l’avenir peut être d’autant plus grande que l’enfant choisit une voie qui n’est pas celle imaginée par sa famille. Quel conseil donner aux parents ?
Patrice Huerre :
« Il faut garder à l’esprit que même si notre enfant entre ou est sur le point d’entrer dans l’âge adulte, même s’il aspire à une autonomie parfois difficile à atteindre, il continue d’avoir besoin de nous, sur le plan matériel et financier, souvent, mais aussi d’un point de vue affectif. Même s’il s’éloigne de nos aspirations, même s’il choisit une autre voie ou un autre modèle de vie que le nôtre, il a besoin d’être considéré et respecté dans ses choix. Il a besoin de sentir qu’on a confiance en ses capacités à se débrouiller seul. Et cela, au risque de me répéter, commence bien plus tôt, quand on le laisse, petit, traverser seul au feu rouge ou quand on l’envoie acheter sans nous le pain à la boulangerie. »

* Il est l’auteur notamment de La prépa sans stress, éd. Fayard (2010), de Place au jeu !, éd. Nathan (2007) et de Faut-il plaindre les bons élèves ?, éd. Hachette (2005).

** C’est le titre d’un livre de Béatrice Millêtre paru en mars 2016 chez Payot.

Propos recueillis par Denis Quenneville

Source : Le ligueur / 20 septembre 2016

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