Articles Pedagogiques
Introduction
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Le jeu d’échecs bientôt enseigné à l’école ?≪ Considérant que le jeu d’échecs est un sport accessible aux enfants de toutes les catégories sociales et que ce jeu contribue non seulement au développement intellectuel des enfants, à la lutte contre l’échec scolaire et à l’amélioration des résultats en mathématiques, en français, en science et en langue mais aussi à la cohésion sociale et a la réalisation d’objectifs de politique générale, tels que l’intégration sociale, la lutte contre la discrimination, la réduction du taux de criminalité et même la lutte contre différentes formes d’addiction… | |
L’utilisation du jeu d’échecs dans les écoles serait tout bonus pour nos élèvesConsidérant que, indépendamment de l’âge de l’enfant, il peut améliorer sa concentration, sa patience et sa persévérance ; qu’il développe son sens de la créativité, de l’intuition, sa mémoire, sa capacité d’analyse et ses compétences décisionnelles ; que le jeu d’échecs permet également d’apprendre la détermination, la motivation et l’esprit sportif », le Parlement européen plaide pour son introduction dans le cursus scolaire des écoles. Une déclaration écrite qui va dans ce sens a été adoptée le 15 mars 2012 et a été soutenue par plus de 400 députés de toute tendance politique. Toutes les études sur le sujet aboutissent à la même conclusion : le jeu d’échecs est un formidable outil… pour lutter contre l’échec scolaire! Comment cela? On sait que nos jeunes ont bien souvent des problèmes de concentration… et que rester assis à une table pendant des heures exige un véritable effort. Le fameux plateau à damier leur permet de développer cette rigueur tout en apprenant la patience et le goût de l’effort. Ce n’est pas tout! L’intérêt du jeu d’échecs est aussi de stimuler, chez les jeunes, le sens de la réflexion et de la stratégie. Tout bonus pour l’apprentissage des mathématiques mais également des autres matières scolaires telles que le français, les sciences et les langues. Que ce soit chez les plus petits ou les plus grands, la discipline leur enseigne le respect des règles, la maitrise de soi et améliore leur mémorisation et leur logique… Toutes ces compétences sont des facteurs de réussite. | |
Pourquoi jouer aux échecs à l’école?
Un peu d’histoire… Les fonctions pédagogique, éducative et formative du jeu d’échecs sont anciennes. La société médiévale utilisait déjà le jeu comme outil de formation. Au cours de l’histoire des siècles suivants, le jeu d’échecs est cependant devenu ce qu’il est aujourd’hui, à savoir, avant tout, un sport de compétition, avec l’organisation de tournois individuels, inter équipes et inter nations. Les arguments pédagogiques restent cependant les mêmes et la diffusion du jeu d’échecs en milieu scolaire doit redevenir un objectif à atteindre pour toutes les qualités qu’il contient et que nous allons expliciter ci-dessous. Personne ne mettra en doute que le jeu d’échecs soit un jeu qui dépasse le caractère ludique, tant il réclame des capacités intellectuelles, morales et même physiques, que ce soit chez l’adulte, l’enfant ou l’adolescent. Un préjuge tenace considérerait le jeu comme un ensemble de recettes qui relèverait de la simple mémorisation, du calcul de quelques combinaisons (un ensemble de coups plus ou moins forces) et, des lors, d’un automatisme relativement primaire. De telles considérations sont infantiles quand on sait que des le dixième coup d’une partie le nombre de variantes possibles est de 1030. L’univers échiquéen dépasse en réalité l’entendement humain puisqu’on considère le nombre de configurations possibles à 1070.. Ce n’est plus donc la simple mémoire qui est en jeu mais tout l’éventail des processus de pensée et de l’intelligence, aussi bien logique que créatrice. |
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Les bases de la valeur formative et éducative du jeu d’échecs.Le jeu d’échecs, de par ses règles, est extrêmement structure et participe des lors a la structuration de l’esprit. A l’intérieur de cette structure, et dans le respect des règles, une série de problèmes se posent au joueur. Il devra les résoudre selon certains modes de pensée. Le but du jeu est bien sur de gagner la partie alors qu’au départ il est confronte a une position rigoureusement égale. Un résultat de nullité serait donc le plus normal. Pour tenter de rompre cet équilibre, le joueur va mettre en œuvre trois types de fonctions mentales :
des fonctions de mémorisation sur des connaissances théoriques (des variantes d’ouverture et des modèles techniques) ; des fonctions d’élaboration portant sur des jugements psychologiques, des jugements positionnels et des calculs de variantes ; des fonctions de décision, décisions à prendre a travers tout ce qui a été élabore au cours de la réflexion ; La rencontre entre deux joueurs permet aussi une interaction avec la logique et l’intelligence de l’autre. En effet, un joueur ne raisonne pas indépendamment de l’autre, mais en fonction des réponses de l’autre a ses propres coups, un joueur devra faire preuve d’élaboration nouvelle constante et d’imagination créatrice. Les aspects de la valeur formatrice et éducative du jeu d’échecs. Sur le plan intellectuel, l’exercice du jeu d’échecs réclame et développe plusieurs qualités élémentaires :
Un troisième angle concerne le souci esthétique. S’il existe beaucoup de métaphores guerrières sur le jeu d’échecs, on parle aussi souvent de l’art échiquéen. Quand le joueur acquiert une meilleure connaissance du jeu, l’enchainement harmonieux des thèmes stratégiques et tactiques suscite un réel sens du beau, de telle sorte que beaucoup de joueurs non seulement luttent pour la victoire mais en même temps recherchent des combinaisons esthétiques pour arriver à ce but. Mais le jeu d’échecs ne recèle pas que des qualités intellectuelles. Il renforce aussi le caractère. Le jeu contribue au développement de :
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En guise de conclusion« Les échecs sont utiles à l’exercice de la faculté de penser et à celle de l’imagination. Car nous devons posséder une méthode élaborée pour atteindre des buts partout où nous devons conduire notre raison. » Leibnitz
Influer sur le comportement de l’élève. Il est aise de déduire que le jeu d’échecs contribue au développement des aptitudes de l’enfant face à une tache scolaire. Celle-ci lui paraitra des lors plus accessible. Sa motivation et ses résultats en seront les premiers bénéficiaires. Contribuer à certains apprentissages scolaires. Le jeu d’échecs peut être un support dans plusieurs cours, tantôt direct comme en géométrie ou en vocabulaire, tantôt indirect comme dans le développement du langage, les mathématiques ou l’histoire. Aider à la dynamique de l’établissement. Le jeu d’échecs est un outil supplémentaire à la disposition du projet de l’école. Il appuie ses rôles éducatifs. Verse tantôt dans l’art tantôt dans le sport, tantôt dans les sciences, le noble jeu, le roi des jeux et le jeu des rois renforcera la qualité du projet pédagogique de l’établissement. Il pourra aussi soutenir les projets extrascolaires de l’école durant les garderies et les recréations mais aussi lors des fancy-fairs, marches de Noël, activités inter écoles ou autres événements. |
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Document réalisé en collaboration entre : La commune d’Estinnes : Bourgmestre, Madame Aurore TOURNEUR Agent traitant : Monsieur Frédéric BIELIK Chaussée Brunehault, 232 – 7120 Estinnes frederic.bielik@estinnes.be – 0496 234 642 La Fédération Échiquéenne Francophone de Belgique : Président : Monsieur Raymond VAN MELSEN Administratrice : Madame Aurore GILLET Administrateur : Monsieur Frédéric BELVA Rue de Lodelinsart, 53 – 6040 Jumet aurore.gillet@gmail.com – 0477 574 702 |
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Pédagogie : le devoir de résister.
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Les fondamentaux de la pédagogie |
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Car, la pédagogie, si l’on sait regarder de prés ses discours et ses pratiques, livre la clé de notre véritable problème. Elle donne, en effet, à entendre systématiquement deux affirmations aussi essentielles l’une que l’autre et, pourtant, bien difficiles à concilier : d’une part, tout le monde peut apprendre et accéder à la liberté et, d’autre part, nul ne peut contraindre quiconque à apprendre et à mettre en œuvre sa liberté… Et ce qui fait l’originalité de la démarche pédagogique, c’est qu’elle traite ces deux affirmations en même temps. Les séparer, c’est sortir de la pédagogie. On peut, en effet, opposer ces deux affirmations et s’arc-bouter sur l’une d’elles en écartant l’autre. Cela donnera dans un cas : « Tous les élèves peuvent apprendre et tous les moyens sont bons pour y parvenir… cherchons donc les solutions les plus efficaces indépendamment de tout critère éthique ou pédagogique ! » Ou, symétriquement : « Nul ne peut forcer un élève à apprendre et tant pus pour ceux qui n’y arrivent pas ou ne veulent pas… Après tout, on ne peut pas travailler à la place de quelqu’un ! ». On peut aussi osciller d’une position à l’autre : du volontarisme – volontiers assorti d’une répression brutale des réfractaires – au fatalisme – justifié par le fait qu’on ne peut pas décider de « son bien » à la place d’autrui. La pédagogie, elle, assume la tension : elle est convaincue de la nécessité de l’engagement de chacun dans ses apprentissages, mais s’obstine, néanmoins, sans jamais baisser les bras, à aider chacun à réussir. Elle est déterminée sur l’éducabilité de tous, mais refuse d’employer n’importe quel moyen pour y parvenir. C’est pourquoi, peut-être, la pédagogie a-t-elle du mal à se faire entendre dans les débats polémiques comme celui-récemment réactivé avec brutalité par un ministre de l’Éducation nationale – de l’apprentissage de la lecture. On y oppose, on le sait, des « méthodes » qui prétendent chacune à plus d’efficacité… Et, en particulier, on avance que la méthode syllabique ou « à départ syllabique » obtiendrait de bien meilleurs résultats que la méthode globale ou « à départ global ». Certes, le débat dans ce registre peut être intéressant, dés lors qu’on ne caricature pas ces méthodes et qu’on s’astreint à une observation fine des manières avec lesquelles elles sont pratiquées. On s’aperçoit, alors, que les clivages sont moins manichéens qu’on veut nous le faire croire et qu’il faut combiner le déchiffrage et la mémorisation orthographique avec un travail sur la compréhension des phrases et des textes et, aussi, une production d’écrits dés le début de l’apprentissage (R. Goigoux et S. Cèbe, 2006)… Mais, en réalité, il y a une dimension de ce débat qui est largement occultée, et c’est, précisément, la dimension proprement pédagogique. En effet, tant que la discussion en reste aux questions strictement didactiques (à la « mécanique » de l’apprentissage), le seul critère vraiment important, c’est l’efficacité technique. À ce titre, rien n’empêcherait, par exemple, de promouvoir une méthode qui, en mettant les élèves sous électrodes ou en utilisant l’hypnose, permettrait de leur apprendre à lire » en une semaine ! C’est d’ailleurs bien ce que certains laissent entendre, au plus haut niveau, en affirmant que les neurosciences permettront de régler définitivement tous les problèmes d’apprentissage… Mais les pédagogues ne l’entendent pas de cette oreille : ils refusent de séparer l’efficacité technique des apprentissages et leur pouvoir émancipateur. C’est pourquoi, avec l’obstination et souvent dans l’incompréhension générale, ils posent le problème de la valeur. À efficacité technique égale, certaines méthodes ont plus de valeur que d’autres, disent-ils, parce qu’elles contribuent à émanciper la personne. Et même : certaines méthodes dont l’efficacité technique est attestée peuvent s’avérer extrêmement dangereuses, car elles relèvent plus du dressage ou du conditionnement que de l’éducation. Dés lors que la pédagogie affirme, à la fois, que tout sujet peut apprendre, mais qu’il doit pouvoir le faire librement, elle exclut, en même temps, le volontarisme mécaniste et le spontanéisme libertaire. Elle dépasse ce qui pourrait apparaître comme une contradiction en inventant des « dispositifs pédagogiques » : des dispositifs élaborés à partir d’objectifs assumés par l’adulte ; des dispositifs organisés de telle manière qu’ils favorisent la mobilisation personnelle des élèves ; des dispositifs structurés afin de comporter les contraintes et les ressources nécessaires à l’apprentissage ; des dispositifs pensés de manière à ce que ceux et celles qui s’y impliquent puissent en comprendre les enjeux et s’en détacher quand ils les ont utilisés.
À partir de là, et en référence à l’histoire des doctrines pédagogiques et aux tensions qu’elle révèle, la pédagogie se reconnaît à la capacité de prendre en compte un ensemble d’affirmations relativement simples, mais qui – et c’est cela l’intérêt – rejettent tout simplisme :
Ainsi définie, la pédagogie ne constitue pas, à proprement parler, un corps doctrinal homogène. C’est bien plutôt une configuration théorique, un paradigme, dans lequel s’inscrivent des œuvres, des actions et des projets de natures différentes. Loin de verrouiller l’invention et de réduire au silence les acteurs, ces affirmations offrent une infinité de variations possibles, en fonction des contextes et des époques. Elles permettent ainsi de penser des phénomènes aussi différents que le traitement de « l’échec scolaire » ou la « crise de l’autorité ».
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Source : « Pédagogie : le devoir de résister » Philippe Meirieu ESF Editeur 2007 |