L’Ecole Intégrée et l’école Singelijn couronnées par Plan Belgique

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Ce samedi 17 mai, l’école primaire Singelijn et l’Ecole Intégrée pour enfants à déficience auditive se sont vues décerner le label « Ecole des droits de l’enfant » par Plan Belgique et par le Délégué général aux droits de l’enfant. Une première pour des écoles francophones de Bruxelles, et première pour un établissement l’enseignement spécialisé en Belgique.

Lancée par Plan Belgique en 2010, l’initiative de labellisation « Ecole des droits de l’enfant » encourage les écoles à intégrer et promouvoir ces droits dans les cours et dans la gestion quotidienne des établissements primaires : sensibilisation des élèves aux droits de l’enfant en classe, mise sur pied d’activités ludiques sur le thème, valorisation des droits de l’enfant dans la politique scolaire…

Deux ans de travail pour les droits de l’enfant

Organisée dans une ambiance des plus festive, la remise de ce label à l’école Singelijn et l’Ecole Intégrée récompense deux ans de travail mené main dans la main par les élèves, les professeurs et les directions de ces deux établissements de Woluwé-Saint-Lambert partageant la même cour de récréation.

Parmi les activités mises en place par ces deux écoles depuis 2012 figurent notamment la création de films d’animation sur les droits de l’enfant, la publication d’un livre sur le sujet, l’écriture d’une pièce de théâtre ou encore la création de panneaux permettant d’améliorer le dialogue entre enfants sourds et entendants des deux écoles.

La cérémonie de samedi a permis de présenter les projets menés au cours des deux années et d’assister à la toute première représentation de la pièce de théâtre « Les enfants de la cour » écrite par les élèves. 

Avec ce label en poche, l’Ecole Intégrée et l’école Singelijn rejoignent 4 autres établissements primaires ayant décroché ce label en Belgique. L’école Intégrée et l’école Singelijn sont les premières écoles francophones de Bruxelles à pouvoir arborer la plaquette officielle « Ecole des droits de l’enfant » sur leur façade !

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Source : www.planbelgique.be

Photos: Kevin Van Looy

Deux écoles labellisées droits de l’enfant

 

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Alors que, selon l’Unicef, 84% des Belges veulent que les enfants soient au cœur des priorités politiques, deux écoles bruxelloises viennent de recevoir le label « École des droits de l’enfant ». À quand les prochaines ?

 

Créé en 2010 à l’initiative de l’ONG Plan Belgique et soutenu par le Délégué général aux droits de l’enfant, ce label est attribué à la suite de toute une dynamique menée pendant deux ans dans les écoles concernées. « Il ne s’agit donc pas d’un concours. Nous n’allons pas faire une inspection », insiste le conseiller auprès du Délégué général, Stephan Durviaux. « Les écoles primaires sont invitées à se lancer dans un processus auquel nous apportons notre soutien ».

Pour une culture des droits de l’enfant

« Ce label concerne toutes les écoles primaires. L’un des objectifs est d’instaurer une culture des droits de l’enfant au sein des classes grâce à une information et une sensibilisation. Le projet s’inspire notamment du concept ‘Villes amies des enfants’, que porte l’Unicef. » Toutes les écoles ? Effectivement, deux écoles francophones viennent d’être labellisées, dont la première de l’enseignement spécialisé : l’École Intégrée pour enfants à déficience auditive à Woluwé-Saint-Lambert qui, comme sa voisine immédiate avec laquelle elle partage la même cour de récréation (!), Singelijn, arbore désormais fièrement la plaquette officielle : « École des droits de l’enfant ». Quatre établissements scolaires ont reçu précédemment ce label, dont l’École Raymond Devos à Tournai.

Depuis 2012, élèves, enseignants et directions de l’École Intégrée pour enfants à déficience auditive et de Singelijn ont multiplié les activités, souvent en commun, autour de ces droits de l’enfant dont on fête cette année les 25 ans de la Convention internationale : publication d’un livre, création de panneaux favorisant le dialogue entre enfants sourds et entendants, réalisation de six films d’animation et, cerise sur le gâteau, écriture et représentation d’une pièce de théâtre : Les enfants de la cour, jouée lors de la remise du label.

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Choisir une « École des droits de l’enfant » ?

Au-delà de l’information, de la sensibilisation, de la mise sur pied d’activités ludiques, le projet veut aller plus loin : « Le label vise également à encourager des adaptations structurelles au sein des écoles, tient à préciser Stephan Durviaux, à amener des changements, plus particulièrement en matière de participation au sein des établissements, afin que chaque école devienne elle-même respectueuse des droits de l’enfant ». C’est ainsi que les promoteurs encouragent les écoles primaires à intégrer et promouvoir les droits au sein même des cours, mais également dans leur gestion quotidienne et dans le projet pédagogique de leur établissement. Une fois le label obtenu, la dynamique doit se poursuivre…

Peut-on dès lors imaginer des parents qui choisiraient d’inscrire leur rejeton dans des écoles labellisées droits de l’enfant pour cette raison ? « Ce n’est pas l’objectif, répond d’emblée Stephan Durviaux, car l’idée n’est pas d’établir un classement. Par ailleurs, de nombreuses écoles ont ce souci de la culture et de pratiques liées aux droits de l’enfant sans nécessairement avoir ce label, encore peu développé à l’heure actuelle. On dépend en effet de la disponibilité des partenaires, comme Plan Belgique, mais aussi l’asbl Geomoun, qui coachent les écoles durant la dynamique mise en place. »

Michel Torrekens

Source : www.laligue.be

Photos: Kevin Van Looy

 

26 juin 2018

« Des barreaux et un verrou

Mais est-on devenu fous?

Certains enfants enfermés

Non ça on ne peut pas accepter.

Laissez la place aux rêves.

On ouvre les portes, les fenêtres

Respecter les droits de l’enfant

Agir comme des parents

On doit vivre librement… »

Les ministres ont décidé qu’à partir du 1er juillet les enfants réfugiés seraient aussi placés dans des centres fermés.
Il n’y a pas longtemps, Bernard De Vos (le délégué général aux droits de l’enfant) est venu à l’école répondre à nos questions sur ce qu’est un centre fermé.

Nous avons donc décidé de nous regrouper habillés de blanc sur le terrain de récréation de l’école pour exprimer notre désaccord à notre manière.

 
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L’Ecole Intégrée et l’école Singelijn couronnées par Plan Belgique

 23 mai 2014
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Ce samedi 17 mai, l’école primaire Singelijn et l’Ecole Intégrée pour enfants à déficience auditive se sont vues décerner le label « Ecole des droits de l’enfant » par Plan Belgique et par le Délégué général aux droits de l’enfant. Une première pour des écoles francophones de Bruxelles, et première pour un établissement l’enseignement spécialisé en Belgique.

Lancée par Plan Belgique en 2010, l’initiative de labellisation « Ecole des droits de l’enfant » encourage les écoles à intégrer et promouvoir ces droits dans les cours et dans la gestion quotidienne des établissements primaires : sensibilisation des élèves aux droits de l’enfant en classe, mise sur pied d’activités ludiques sur le thème, valorisation des droits de l’enfant dans la politique scolaire…

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Deux ans de travail pour les droits de l’enfant

Organisée dans une ambiance des plus festive, la remise de ce label à l’école Singelijn et l’Ecole Intégrée récompense deux ans de travail mené main dans la main par les élèves, les professeurs et les directions de ces deux établissements de Woluwé-Saint-Lambert partageant la même cour de récréation.

Parmi les activités mises en place par ces deux écoles depuis 2012 figurent notamment la création de films d’animation sur les droits de l’enfant, la publication d’un livre sur le sujet, l’écriture d’une pièce de théâtre ou encore la création de panneaux permettant d’améliorer le dialogue entre enfants sourds et entendants des deux écoles.

La cérémonie de samedi a permis de présenter les projets menés au cours des deux années et d’assister à la toute première représentation de la pièce de théâtre « Les enfants de la cour » écrite par les élèves.

Avec ce label en poche, l’Ecole Intégrée et l’école Singelijn rejoignent 4 autres établissements primaires ayant décroché ce label en Belgique. L’école Intégrée et l’école Singelijn sont les premières écoles francophones de Bruxelles à pouvoir arborer la plaquette officielle « Ecole des droits de l’enfant » sur leur façade !

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Source : www.planbelgique.be

Photos: Kevin Van Looy

Deux écoles labellisées droits de l’enfant

Alors que, selon l’Unicef, 84% des Belges veulent que les enfants soient au cœur des priorités politiques, deux écoles bruxelloises viennent de recevoir le label « École des droits de l’enfant ». À quand les prochaines ?

Créé en 2010 à l’initiative de l’ONG Plan Belgique et soutenu par le Délégué général aux droits de l’enfant, ce label est attribué à la suite de toute une dynamique menée pendant deux ans dans les écoles concernées. « Il ne s’agit donc pas d’un concours. Nous n’allons pas faire une inspection », insiste le conseiller auprès du Délégué général, Stephan Durviaux. « Les écoles primaires sont invitées à se lancer dans un processus auquel nous apportons notre soutien ».

Pour une culture des droits de l’enfant

« Ce label concerne toutes les écoles primaires. L’un des objectifs est d’instaurer une culture des droits de l’enfant au sein des classes grâce à une information et une sensibilisation. Le projet s’inspire notamment du concept ‘Villes amies des enfants’, que porte l’Unicef. » Toutes les écoles ? Effectivement, deux écoles francophones viennent d’être labellisées, dont la première de l’enseignement spécialisé : l’École Intégrée pour enfants à déficience auditive à Woluwé-Saint-Lambert qui, comme sa voisine immédiate avec laquelle elle partage la même cour de récréation (!), Singelijn, arbore désormais fièrement la plaquette officielle : « École des droits de l’enfant ». Quatre établissements scolaires ont reçu précédemment ce label, dont l’École Raymond Devos à Tournai.

Depuis 2012, élèves, enseignants et directions de l’École Intégrée pour enfants à déficience auditive et de Singelijn ont multiplié les activités, souvent en commun, autour de ces droits de l’enfant dont on fête cette année les 25 ans de la Convention internationale : publication d’un livre, création de panneaux favorisant le dialogue entre enfants sourds et entendants, réalisation de six films d’animation et, cerise sur le gâteau, écriture et représentation d’une pièce de théâtre : Les enfants de la cour, jouée lors de la remise du label.

Choisir une « École des droits de l’enfant » ?

Au-delà de l’information, de la sensibilisation, de la mise sur pied d’activités ludiques, le projet veut aller plus loin : « Le label vise également à encourager des adaptations structurelles au sein des écoles, tient à préciser Stephan Durviaux, à amener des changements, plus particulièrement en matière de participation au sein des établissements, afin que chaque école devienne elle-même respectueuse des droits de l’enfant ». C’est ainsi que les promoteurs encouragent les écoles primaires à intégrer et promouvoir les droits au sein même des cours, mais également dans leur gestion quotidienne et dans le projet pédagogique de leur établissement. Une fois le label obtenu, la dynamique doit se poursuivre…

Peut-on dès lors imaginer des parents qui choisiraient d’inscrire leur rejeton dans des écoles labellisées droits de l’enfant pour cette raison ? « Ce n’est pas l’objectif, répond d’emblée Stephan Durviaux, car l’idée n’est pas d’établir un classement. Par ailleurs, de nombreuses écoles ont ce souci de la culture et de pratiques liées aux droits de l’enfant sans nécessairement avoir ce label, encore peu développé à l’heure actuelle. On dépend en effet de la disponibilité des partenaires, comme Plan Belgique, mais aussi l’asbl Geomoun, qui coachent les écoles durant la dynamique mise en place. »

Michel Torrekens

Source : www.laligue.be

Photos: Kevin Van Looy

Poésies « Droits de l’Enfant » par les élèves d’Isabelle Lernons et de Sophie Lamote
       
Poésies et maquettes « Droits de l’Enfant »par les élèves de Katrien Heinzelmann
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  Film d’animation par les élèves de Fabienne / Véronique et de Lydie Vivier
 

 

 

 

Pédagogie : le devoir de résister.

 

 

Les fondamentaux de la pédagogie

Car, la pédagogie, si l’on sait regarder de prés ses discours et ses pratiques, livre la clé de notre véritable problème. Elle donne, en effet, à entendre systématiquement deux affirmations aussi essentielles l’une que l’autre et, pourtant, bien difficiles à concilier : d’une part, tout le monde peut apprendre et accéder à la liberté et, d’autre part, nul ne peut contraindre quiconque à apprendre et à mettre en œuvre sa liberté… Et ce qui fait l’originalité de la démarche pédagogique, c’est qu’elle traite ces deux affirmations en même temps. Les séparer, c’est sortir de la pédagogie.

On peut, en effet, opposer ces deux affirmations et s’arc-bouter sur l’une d’elles en écartant l’autre. Cela donnera dans un cas : « Tous les élèves peuvent apprendre et tous les moyens sont bons pour y parvenir… cherchons donc les solutions les plus efficaces indépendamment de tout critère éthique ou pédagogique ! » Ou, symétriquement : « Nul ne peut forcer un élève à apprendre et tant pus pour ceux qui n’y arrivent pas ou ne veulent pas… Après tout, on ne peut pas travailler à la place de quelqu’un ! ». On peut aussi osciller d’une position à l’autre : du volontarisme – volontiers assorti d’une répression brutale des réfractaires – au fatalisme – justifié par le fait qu’on ne peut pas décider de « son bien » à la place d’autrui. La pédagogie, elle, assume la tension : elle est convaincue de la nécessité de l’engagement de chacun dans ses apprentissages, mais s’obstine, néanmoins, sans jamais baisser les bras, à aider chacun à réussir. Elle est déterminée sur l’éducabilité de tous, mais refuse d’employer n’importe quel moyen pour y parvenir.

C’est pourquoi, peut-être, la pédagogie a-t-elle du mal à se faire entendre dans les débats polémiques comme celui-récemment réactivé avec brutalité par un ministre de l’Éducation nationale – de l’apprentissage de la lecture. On y oppose, on le sait, des « méthodes » qui prétendent chacune à plus d’efficacité… Et, en particulier, on avance que la méthode syllabique ou « à départ syllabique » obtiendrait de bien meilleurs résultats que la méthode globale ou « à départ global ». Certes, le débat dans ce registre peut être intéressant, dés lors qu’on ne caricature pas ces méthodes et qu’on s’astreint à une observation fine des manières avec lesquelles elles sont pratiquées. On s’aperçoit, alors, que les clivages sont moins manichéens qu’on veut nous le faire croire et qu’il faut combiner le déchiffrage et la mémorisation orthographique avec un travail sur la compréhension des phrases et des textes et, aussi, une production d’écrits dés le début de l’apprentissage (R. Goigoux et S. Cèbe, 2006)…

Mais, en réalité, il y a une dimension de ce débat qui est largement occultée, et c’est, précisément, la dimension proprement pédagogique. En effet, tant que la discussion en reste aux questions strictement didactiques (à la « mécanique » de l’apprentissage), le seul critère vraiment important, c’est l’efficacité technique. À ce titre, rien n’empêcherait, par exemple, de promouvoir une méthode qui, en mettant les élèves sous électrodes ou en utilisant l’hypnose, permettrait de leur apprendre à lire » en une semaine ! C’est d’ailleurs bien ce que certains laissent entendre, au plus haut niveau, en affirmant que les neurosciences permettront de régler définitivement tous les problèmes d’apprentissage… Mais les pédagogues ne l’entendent pas de cette oreille : ils refusent de séparer l’efficacité technique des apprentissages et leur pouvoir émancipateur. C’est pourquoi, avec l’obstination et souvent dans l’incompréhension générale, ils posent le problème de la valeur. À efficacité technique égale, certaines méthodes ont plus de valeur que d’autres, disent-ils, parce qu’elles contribuent à émanciper la personne. Et même : certaines méthodes dont l’efficacité technique est attestée peuvent s’avérer extrêmement dangereuses, car elles relèvent plus du dressage ou du conditionnement que de l’éducation.

Dés lors que la pédagogie affirme, à la fois, que tout sujet peut apprendre, mais qu’il doit pouvoir le faire librement, elle exclut, en même temps, le volontarisme mécaniste et le spontanéisme libertaire. Elle dépasse ce qui pourrait apparaître comme une contradiction en inventant des « dispositifs pédagogiques » : des dispositifs élaborés à partir d’objectifs assumés par l’adulte ; des dispositifs organisés de telle manière qu’ils favorisent la mobilisation personnelle des élèves ; des dispositifs structurés afin de comporter les contraintes et les ressources nécessaires à l’apprentissage ; des dispositifs pensés de manière à ce que ceux et celles qui s’y impliquent puissent en comprendre les enjeux et s’en détacher quand ils les ont utilisés.

 

À partir de là, et en référence à l’histoire des doctrines pédagogiques et aux tensions qu’elle révèle, la pédagogie se reconnaît à la capacité de prendre en compte un ensemble d’affirmations relativement simples, mais qui – et c’est cela l’intérêt – rejettent tout simplisme :

  • L’apprentissage ne se décrète pas… et rien ne permet de l’imposer à quiconque. Tout apprentissage s’effectue, pour chacun, à sa propre initiative et requiert de sa part un engagement personnel : c’est le principe de liberté.
  • Tout le monde peut apprendre et nul ne peut jamais décider, pour une personne donnée, qu’un apprentissage est définitivement impossible : c’est le principe d’éducabilité.
  • Ces deux principes, tenus ensemble, structurent la pédagogie : s’en tenir au premier, c’est basculer dans le fatalisme, s’en tenir au second, c’est basculer des le dressage. Tenir les deux ensemble, c’est inventer sans cesse des situations qui permettent à celui qui apprend d’engager sa liberté. Tenir les deux ensemble, c’est s’obstiner à proposer des médiations, au nom de l’éducabilité de tous, et chercher à susciter l’engagement personnel, au nom du respect de la liberté de chacun.
  • Chacun apprend avec une stratégie qui lui est propre mais qui n’est pas, pour autant, figée ; il peut la modifier et l’enrichir en fonction de ses expériences.
  • Les recherches en psychologie de l’apprentissage et en didactique peuvent permettre, par l’observation des conditions optimales de l’apprentissage, d’aider à l’invention de dispositifs pédagogiques. Mais ces dispositifs ne sont nullement déductibles mécaniquement de ce que les sciences permettent d’observer ; ils requièrent un travail de création spécifique. Ils sont utiles pour pailler l’aléatoire des situations personnelles et sociales d’apprentissage, ils ne peuvent jamais se substituer à la détermination du sujet qui apprend.

 

  • Dans l’apprentissage, il est impossible de séparer la méthode et le contenu : il n’existe pas de méthode qui fonctionnerait à vide, pas plus qu’il n’existe de contenu qui puisse être appréhendé sans méthode. Pour reprendre une opposition communément admise, il n’est pas d’instruction sans éducation, puisque la manière d’instruire est toujours porteuse d’un projet éducatif, fût-ce à son insu, et que toute éducation est une transmission de savoirs et de valeurs indissolublement liés.
  • Dans l’apprentissage, il est impossible de séparer le cognitif et l’affectif : apprendre suppose un travail sur l’image de soi et toute acquisition de connaissance engage nécessairement un réaménagement de la personne. On peut faire le choix méthodologique de travailler sur la médiation cognitive – c’est même particulièrement conseillé quand on est enseignant -, on ne peut pas abolir par décret ce qu’on ne prend pas en compte par méthode.
  • Dans l’apprentissage, il est impossible de séparer l’individuel et le social : personne ne peut apprendre absolument seul et la manière d’apprendre révèle toujours une conception de la socialité, des rapports au savoir et au pouvoir. Il n’est aucune connaissance qui puisse être acquise en dehors d’une relation sociale et cette relation peut entretenir l’assujettissement ou, au contraire, permettre l’émancipation. Trois démarches doivent être privilégiées pour leur pouvoir émancipateur : la démarche expérimentale (qui permet de distinguer le savoir du croire, d’émettre et de vérifier des hypothèses), la démarche documentaire (qui permet de recouper des sources et de valider des informations), la démarche créative (qui permet de chercher ce qui fait sens pour soi et pour les autres en même temps). À travers ces trois démarches, l’élève acquiert, à la fois, des savoirs et un rapport au savoir ; il construit des connaissances et devient habité par l’exigence de précision, de justesse et de vérité.
  • Parce qu’apprendre c’est s’enrichir et progresser, c’est toujours dépasser le donné et subvertir un ordre social où chacun aurait une place définitivement attribuée. À cet égard, la pédagogie ne peut accepter aucune forme d’enfermement, qu’elle soit culturelle, sociale, génétique ; elle travaille, au contraire, pour que chacun et chacune puissent « se faire œuvre de lui-même » (J-H. Pestalozzi).
  • Apprendre, c’est construire l’humanité dans l’Homme, accéder à une culture qui relie l’intime à l’universel. L’universalité ne préexiste pas à ce mouvement et se construit dans le processus de transmission lui-même. Elle s’ébauche quand l’Homme refuse de soumettre l’Autre, mais décide de se soumettre, avec l’Autre, à un échange sans violence. Dans ce cadre, l’enseignement a pour objectif de relier les humains entre eux à travers les œuvres : œuvres du passé et du présent où ceux et celles qui arrivent peuvent découvrir leur humanité et trouver le courage de créer les œuvres de l’avenir.

Ainsi définie, la pédagogie ne constitue pas, à proprement parler, un corps doctrinal homogène. C’est bien plutôt une configuration théorique, un paradigme, dans lequel s’inscrivent des œuvres, des actions et des projets de natures différentes. Loin de verrouiller l’invention et de réduire au silence les acteurs, ces affirmations offrent une infinité de variations possibles, en fonction des contextes et des époques. Elles permettent ainsi de penser des phénomènes aussi différents que le traitement de « l’échec scolaire » ou la « crise de l’autorité ».

 

  Source : « Pédagogie : le devoir de résister » Philippe Meirieu ESF Editeur 2007
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